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INTERNATIONALE SITUATIONNISTE

Collectif (1958-1969)

Pratique caractéristique de l’Internationale Situationniste, le détournement et la subversion de comics constituent un épisode singulier dans les relations entre art, bande dessinée et politique. Leur usage de la bande dessinée relève à la fois d’une critique de cet agent de la « société du spectacle » et de sa remise en jeu comme outil de propagande politique. Découpée, réécrite et recollée, l’imagerie des comics se fait tract situationniste. 
Populaire, facile à lire et agréable à regarder, la bande dessinée et les formes qu’on peut lui associer (images d’Épinal, roman-photo) sont un outil de propagande et de communication efficaces, utilisés tant par les politiques que par les groupes d’avant-garde artistique. Dès le 19ème siècle, à droite comme à gauche, on utilise les rapports frappants entre texte et images pour édifier l’opinion publique.  Dans les années 1950-1960, de nombreux artistes et groupes d’avant-garde détournent ce medium populaire qui a souvent bercé leur enfance. Avec humour et dérision, les artistes se représentent eux-mêmes ou promeuvent leurs idées.  En 1956, Guy Debord publie son « Mode d’emploi du détournement » où il décrit ce procédé politico-artistique central dans son arsenal subversif. Promis à un bel avenir, le détournement va devenir la marque de fabrique de son œuvre et des productions situationnistes.

Fondée en 1957, l’Internationale Situationniste réunit des artistes d’avant-garde européens bien décidés à en découdre avec le monde de l’art et toute la culture qui le supporte. Société des loisirs, urbanisme, littérature, cinéma, guerres coloniales, idéologie soviétique, idéologie capitaliste rien n’échappe à leur violente critique. Ils s’attaquent à ce que Debord allait nommer 10 ans plus tard La Société du spectacle. Pour diffuser leurs idées, les situationnistes publient une revue à la couverture métallisée et abondamment illustrée, l’Internationale Situationniste. Douze numéros paraissent entre 1958 et 1969.  Les comics détournés qui l’illustrent ont un statut contradictoire : ils représentent à la fois la culture de masse et, par métaphore, l’activité de l’avant-garde situationniste. Cette contradiction est au cœur de tout détournement : son statut indécidable en fait la force et rend difficile toute récupération.