LES LIVRES NOIRS

Cette artiste découpe délicatement les page de bandes dessinées pour en tirer de véritables sculptures. Elle n’en conserve que les gouttières et quelques motifs choisis.
Dans cette série, elle s’attaque aux bandes dessinées érotiques du catalogue Elvifrance, dont elle a escamoté tous les hommes, hormis l’un ou l’autre de leurs attributs.
Les livres noirs est un catalogue tiré à 100 exemplaires présentant les photos, sur fond noir, des pièces uniques réalisées par Deshais autour de ces bandes dessinées de gare. Auparavant elle avait opéré son exercice de soustraction sur des œuvres plus légitimées comme Black hole de Charles Burns, Patience de Daniel Clowes, Rusty Brown de Chris Ware ou Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris. Ses ablations/amputations/incisions sont chirurgicales, anatomiques, la métaphore de la dissection, ou de l’autopsie, se prête d’autant mieux pour ces corps soumis d’ordinaire au désir du lecteur. Si l’on faisait de la psychanalyse à la petite semaine, ne sachant pas comment se prononce le nom de l’artiste, on avancerait l’idée que cette extrusion produit des « déchets ». Elle produit surtout une dentelle facinante qui montre plus qu’elle n’enlève.

Artiste plasticienne, Jessy Deshais, que la pratique protéiforme mène de l’installation vidéo à la sculpture de livre, vit et travaille à Montreuil-sous-Bois en France. Elle continue à jongler entre l’art et la commande se nourrissant les uns des autres. Illustration de presse (Le Monde, Libé…), réalisation de films, graphisme, photo, scénographie et surtout installation fiction qui réunissent tous ces univers.